14 septembre 2017 4 14 /09 /septembre /2017 12:20

 

Ces vérités qui dérangent

Ou

Quand le bon peuple est sous tutelle

(Gabrielle Cluzel)

 

Jean-Pierre Pernaut persiste et signe. Toute la presse (Huffington Post, 20 Minutes, etc.) en bruisse – « Il ne se repent pas ! Il ne se repent pas ! » -, comme ces chœurs, au théâtre, qui répètent la dernière réplique, les mains en porte-voix, courant aux quatre coins de la scène pour imiter la rumeur épouvantée.

 

 

Car, pardon bien, mais ce n’est pas prévu du tout par le scénario. Le rituel est pourtant simple, rodé, balisé, éprouvé : lorsqu’un journaliste – un homme politique, un chanteur, un acteur, une miss France, etc. – « dérape », il fait son mea culpa. Il baisse la tête, il regrette, il est tellement, mais tellement bête d’avoir dit ça. Il ne recommencera plus. Il redouble de zèle et donne mille gages. Par exemple, en conspuant à son tour quelques tricards. Trop content que les médias, magnanimes, lui laissent, en dépit de ses péchés, un petit temps d’antenne pour s’excuser. Car certains sont condamnés et lynchés sans autre forme de procès. Avoir le droit de publiquement s’auto flageller, c’est déjà être privilégié.

Mais Jean-Pierre Pernaut, lui, en homme qui en a, ne se déculotte pas. Rappelons les faits : au journal télévisé de 13 heures sur TF1, le 10 novembre 2016, il avait évoqué le sort des sans-abri puis celui des migrants, deux sujets qui occupaient l’actualité ce jour-là, faisant la transition d’un simple « en même temps » : « Plus de place pour les sans-abri, mais en même temps, les centres pour migrants continuent à ouvrir partout en France. » C’est cet « en même temps »-là qui avait déchaîné le courroux de la LICRA et du CSA. Parce qu’il y a des « en même temps » séduisants et des « en même temps » désolants.

 

Little Shao et Luigi Li pour la Fondation Abbé Pierre

 

Sur le plateau de « Salut les Terriens », il vient d’affirmer, revenant sur l’incident, « n’avoir fait que son travail de journaliste ». Il enfonce même le clou : s’il devait le redire demain, il le redirait. À ceux qui, sur le plateau, lui reprochent le manque de neutralité que traduirait son « en même temps », il répond par une question candide, aussi imperturbable qu’imparable : « Ce n’était pas en même temps ? »

« Résultat, vous faites peur ! » conclut Thierry Ardisson sur un ton tragi-comique. C’est en effet le mot de la fin qui convient. Ce que l’on reproche à Jean-Pierre Pernaut n’est pas d’avoir menti mais d’avoir dit une vérité anxiogène, qui pourrait susciter chez les Français une réaction « malsaine ».

Le travail des journalistes n’est plus de dire le vrai mais le bien. Ils n’informent pas, ils enseignent. Des Français sous tutelle, vieux gamins auxquels on recommande de se cacher les yeux avec les mains pour éviter d’avoir peur dans leur lit quand le soir vient.

On a les héros – et les hérauts – que l’on mérite. Avec son nom d’apéritif un peu beauf, son prénom double emblématique du mâle blanc de plus de 50 ans dont Delphine Ernotte ne veut plus et que les médias raillent méchamment – « Sept réponses à votre beau-père Jean-Louis qui ne supporte plus la réduction des voies pour automobiles à Paris », titrait le site de France Info il y a quelques jours, volant au secours d’Anne Hidalgo -, et son « Journal de 13 heures » ambiance village fleuri et artisanat du terroir, qui lui a valu en 2016 d’être élu « présentateur de JT préféré des Français » – s’il aime la France périphérique, celle-ci le lui rend bien -, il a tous les attributs réputés peu flatteurs de Super Dupont. Le pire – ou le meilleur – est qu’il semble endosser le costard assez volontiers et sans façon.

 

Little Shao et Luigi Li pour la Fondation Abbé Pierre

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12 septembre 2017 2 12 /09 /septembre /2017 12:20

 

Les bouddhistes et les Rohingyas

Ou

Quand les gentils deviennent méchants

(Jacques Guillemain)

 

L’histoire est une guerre mondiale de communication, une succession de propagandes qui s’inversent en fonction des besoins politiques. Selon le récit mondialiste dominant, la Birmane Aung San Suu Kyi et les bouddhistes étaient gentils, mais depuis l’affaire des Rohingyas, ils entrent dans le camp des méchants.

 

 

Le monde entier part en croisade pour sauver les Rohingyas, minorité musulmane de Birmanie qui fuit les représailles de l’armée birmane vers le Bangladesh.

C’est l’hystérie collective, l’émotion à sens unique, avec ses accusations délirantes et son déluge de désinformation où les fake news sont légion.

Nettoyage ethnique, crime contre l’humanité, extermination, génocide, c’est la surenchère dans le vocabulaire de la presse mondiale.

Le Pape, l’ONU, le HCR, Human Rights Watch, les pays musulmans, les imams de tout poil, chacun y va de son couplet accusateur pour dénoncer une épuration ethnique et accabler l’emblématique leader du pays, Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix 1991 et arrivée au pouvoir en 2016.

Même Erdogan, qui décidément ose tout, s’est fendu d’un appel à la « Dame de Rangoon » pour s’indigner du sort fait aux Rohingyas.

Le sultan d’Ankara n’oublie qu’un détail : le génocide de plus d’un million d’Arméniens perpétré par les Turcs en 1915  et qu’il refuse de reconnaître ! En matière d’atrocités et de scènes d’épouvante, les Turcs n’ont rien à envier à personne ! Ce qu’ont vécu les Arméniens dépasse l’entendement.

Mais dans ce conflit birman qui dure depuis des décennies, la minorité musulmane serait dans son droit et la majorité bouddhiste serait coupable. Tel est le postulat incontournable décrété par la communauté internationale.

Aucune mission de l’ONU n’a pu se rendre sur place pour écouter les différents sons de cloche, mais peu importe. Il suffit d’affirmer et de faire taire tout contradicteur, en l’occurrence les autorités birmanes et les bouddhistes.

Celle qui fut l’idole des médias occidentaux quand elle luttait contre la dictature de la junte militaire birmane, et qui fut emprisonnée pendant 20 ans, est accusée aujourd’hui de rester passive devant les évènements, voire d’être complice des brutalités de l’armée.

Une foule d’aboyeurs exige le retrait de son prix Nobel de la paix. Demande aussi farfelue qu’impossible, puisque la révocation d’un prix attribué à un candidat n’est pas prévue par les textes de l’Institut Nobel norvégien.

 

 

On notera que ce déchaînement de passion pour sauver la minorité musulmane des Rohingyas, tranche cruellement avec la passivité de l’Occident chrétien, Pape en tête, quand il s’agit de sauver les chrétiens d’Orient.

Pourtant, ces derniers subissent un génocide qui dépasse en horreur et en ampleur, tout ce que peuvent subir les Rohingyas. En un siècle la population chrétienne du Moyen-Orient est passée de 20% à 3%.

« Villages rasés, massacres collectifs, meurtres de religieux et de civils (femmes, enfants, vieillards), viols, enlèvements, persécutions à grande échelle, conversions forcées, églises incendiées, monastères et écoles détruites, les Chrétiens d’Orient vivent aujourd’hui dans l’angoisse du lendemain, dans la peur et la souffrance quotidiennes. »

La première religion du monde est chassée de son berceau historique. Et que fait l’Europe ? Elle détourne le regard, abandonnant les chrétiens à la barbarie islamique et à l’esclavage.

Même le Pape n’a rien trouvé de mieux, lors de son voyage à Lesbos, que de ramener dans son avion personnel trois familles de réfugiés musulmanes, en laissant les chrétiens sur le tarmac ! Et pour se justifier, face à l’incompréhension des Européens, le Vatican a prétexté que les familles chrétiennes n’avaient pas de papiers en règle !

Il faut oser. Des centaines de clandestins débarquent en Italie chaque jour, mais le Pape, qui nous demande par ailleurs d’accueillir toute la misère du monde, n’accueille quant à lui que des migrants en règle !! Il se fout de nous !

Oui, les Rohingyas fuient vers le Bangladesh voisin. Mais pourquoi ?

Parce que cette minorité, originaire majoritairement du Bangladesh, n’a jamais été acceptée par les bouddhistes birmans. A la fois pour des raisons culturelles mais aussi historiques.

Car les Rohingyas furent, pendant des décennies, les supplétifs du colonisateur anglais contre les Birmans qui luttaient pour leur indépendance. Ils ont donc toujours été considérés comme des traîtres et traités comme tels.

Ils sont les harkis de Birmanie en quelque sorte. Indésirables à jamais. Depuis le viol et le meurtre d’une jeune birmane par un musulman en 2012, les violences n’ont jamais cessé.

 

 

En octobre 2016 et en août 2017, l’Arsa, « l’armée rohingya » en rébellion contre le pouvoir birman, a lancé plusieurs attaques contre des postes de police et de l’armée birmane, avec de très nombreux tués de part et d’autre. Il ne faut donc pas s’étonner que les représailles soient sanglantes et que les Rohingyas soient rejetés dans le camp des rebelles et des terroristes.

C’est exactement ce qu’ont fait les Russes avec les Tchétchènes. A cette époque, les Occidentaux, qui n’avaient rien compris à la situation, accablaient Poutine et se mobilisaient pour sauver Grozny. La réalité est que Poutine combattait déjà le terrorisme islamique qui n’avait pas encore frappé l’Europe. Il le disait et il avait raison.

Quant à Aung San Suu Kyi, on voit mal en quoi elle pourrait s’opposer aux généraux birmans qui sont les véritables maîtres du pays.

Elle nie tout nettoyage ethnique et accuse les Rohingyas d’utiliser des enfants soldats dans les assauts contre l’armée birmane.

Propagande de l’armée ? Possible. Mais il est clair que son pouvoir est limité et qu’il ne tient qu’au bon vouloir de l’armée. S’aliéner l’armée, c’est un suicide politique. Par conséquent, défendre la cause des Rohingyas, c’est défendre ceux qui ont toujours trahi le pays en combattant avec les Anglais contre les indépendantistes birmans, c’est s’opposer au nationalisme bouddhiste de plus en plus affirmé.

Et on oublie que les 85% de bouddhistes se foutent éperdument du sort des Rohingyas, communauté méprisée depuis la nuit des temps.

Dans cette hystérie collective, seule la Chine reste mesurée et s’abstient de toute critique. Pendant les 50 années de pouvoir de la junte militaire, la Chine fut le seul interlocuteur de la Birmanie. Il est vrai qu’avec ses 10 millions de musulmans Ouïghours du Xinjiang, province en perpétuelle rébellion, Pékin connaît la musique !

Tout cela prouve une fois de plus la difficile cohabitation entre l’islam et les autres religions. Ce n’est pas pour rien que les Indes anglaises furent divisées en deux Etats distincts en 1947. Le Pakistan musulman et l’Inde hindouiste, deux pays qui n’ont jamais connu la paix depuis.

Le multiculturalisme est un leurre. Il serait temps de l’admettre, avant de connaître en Europe des violences interconfessionnelles comme au Moyen-Orient ou en Asie.

Depuis le nuit des temps, le meilleur gage de paix, c’est le chacun chez soi.

 

 

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11 septembre 2017 1 11 /09 /septembre /2017 13:11

 

Le combat des chefs

Ou

La folie des grandeurs

(Nicolas Gauthier)

 

C’est peu dire que le ton monte entre Washington et Pyongyang. D’un côté le président Kim Jong-un ; de l’autre, son homologue Donald Trump, au moins tout aussi foutraque et à la coiffure à peine plus surréaliste. Et comme d’habitude, l’habituelle machine médiatique qui se met en branle. Grâce à ses nouveaux missiles nucléaires, la Corée du Nord pourrait frapper la puissante Amérique – voire même la France, tant qu’à faire. La guerre est-elle pour demain ? Heureusement que le camp du Bien veille au grain, les États-Unis n’étant pas les gendarmes du monde pour rien, évoquant une possible opération militaire après avoir menacé le Venezuela de ses foudres. En attendant un prochain blocus maritime sur les côtes monégasques ?

 

A qui le tour ?

 

On notera que ce sont les mêmes qui assuraient en 2003 que, fort de ses fameuses armes de destruction massive, le défunt Saddam Hussein était en mesure d’atomiser New York… Un président irakien dont la mort n’en finit d’ailleurs plus de hanter certains dirigeants n’ayant pas l’heur de plaire à la Maison-Blanche. Lesquels se disent, non sans raison, que si l’Irak, voire même la Libye, avaient possédé l’arme nucléaire, leurs territoires auraient été de fait sanctuarisés et préservés de l’invasion des armées occidentales, ce, avec les brillants résultats qu’on sait.

Le gouvernement nord-coréen ne veut rien de plus. Il n’a pas de visées expansionnistes, mais entend juste sauvegarder le régime en place. Quoi qu’on puisse penser de ce dernier et de ses méthodes, il n’est pas sorti de nulle part. C’est un enfant de la guerre froide et de ses quatre millions de morts, lors de la guerre l’ayant opposé à la Corée, de 1950 à 1953. Son marxisme-léninisme n’est en fait que de façade, le système institué par Kim Il-sung étant fondé sur le « juche », doctrine mêlant culte de la personnalité, autarcie économique, hyper-nationalisme et mystique racialiste. Donc, le réduire à un simple régime de fous sanguinaires et de dinosaures staliniens n’a pas grand sens.

 

 

Si Donald Trump ne le comprend pas ou fait semblant de ne pas le comprendre, tel n’est pas le cas des deux autres puissances majeures de la région, la Chine et la Russie. Pour la première, la Corée du Nord, allié turbulent et pas toujours contrôlable, lui donne une précieuse profondeur territoriale. La seconde, forte d’une longue frontière commune avec le pays de Kim Jong-un, ne peut tolérer que son flanc sud puisse être déstabilisé par un conflit aux conséquences imprévisibles. De longue date, Moscou et Pékin sont en parfaite entente sur la question.

C’est d’ailleurs de Chine, à l’occasion d’un sommet du BRICS (organisation des puissances émergentes que sont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud), que le président Vladimir Poutine a tenté de ramener les États-Unis à un minimum de bon sens : « S’engager dans une hystérie militaire n’a aucun sens, c’est un chemin qui mène à l’impasse. » Quant aux sanctions économiques, huitième plan en la matière prévu par Washington ? « Le recours à n’importe quelles sanctions, dans ce cas, est inutile et inefficace », a souligné le maître du Kremlin. Et Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie, d’appeler son homologue américain à « l’utilisation de moyens politiques et diplomatiques », le pressant au passage « de ne pas céder aux émotions et de garder sa retenue ».

 

 

Un discours à méditer, surtout quand Nikky Haley, ambassadrice des États-Unis à l’ONU, issue des rangs du Tea Party et protégée de Sarah Palin, toutes personnes connues pour leur finesse en matière de géopolitique, prévient : « Les dirigeants iraniens veulent utiliser l’accord nucléaire pour prendre le monde en otage. […] Si l’on continue à dire que l’on s’en occupera plus tard, nous allons avoir affaire à la prochaine Corée du Nord. » Après Pyongyang et Caracas, l’année prochaine à Téhéran ?

Il est décidément bien loin, le temps des Henry Kissinger… Au fait, à propos de prolifération nucléaire, on n’a guère entendu le Département d’État américain s’alarmer de la prolifération nucléaire en Inde et au Pakistan, pays en guerre plus ou moins ouverte depuis 1947. Mais il est vrai qu’Islamabad est un allié de Washington, même s’il arme et finance les talibans afghans depuis plusieurs décennies… Cet univers serait-il un brin trop complexe pour notre cher Donald, cet Oncle Picsou qui se prend aujourd’hui pour le général MacArthur ?

 

 

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