25 mai 2017 4 25 /05 /mai /2017 22:01

 

Son nom était Moore, Roger Moore !

(Nicolas Gauthier)

 

Il y a parfois des défunts qui vous redonnent goût à la vie. Roger Moore en était, ne serait-ce que par son ineffable joie de vivre. Évacuons sa carrière d’acteur ; fournie, mais finalement des plus modestes.

 

 

Dans les sixties flamboyantes, Roger Moore démarre à la télévision, avec Ivanhoé, série dans laquelle il est plus Neuneu que Noé. Puis celle du Saint, inspirée par les livres du très agréable Leslie Charteris, dans laquelle, à défaut de faire des étincelles, il décroche au moins une certaine renommée internationale. Ensuite, Amicalement vôtre, feuilleton tout aussi aimablement crétin, qui permet à son alter ego, Tony Curtis, de relancer sa carrière tout en aidant celle de Roger Moore à prendre enfin son envol et de se glisser dans le Tuxedo si convoité de l’agent 007.

Le problème est que de tout cela, Roger Moore n’a que foutre. Dans ses mémoires éminemment hilarants, Amicalement vôtre, il se présente, d’une plume alerte, comme le touriste de sa propre vie. Exemple au hasard ? En pleine guerre froide, il est invité à une soirée aussi mondaine que californienne, là où des starlettes névrosées et des producteurs au bord de la faillite décident de convoquer une assistance un brin alcoolisée à prier en rond pour la paix dans le monde et la victoire finale contre les communistes assassins ; avec soucoupes volantes de Martiens bolcheviques en toile de fond.

Roger Moore s’invite à la ronde, priant, lui, pour que la prière s’arrête enfin, juste histoire d’aller vider, en paix, son douzième scotch et allumer un autre cigare.

 

 

Éric Leguèbe, l’un de mes défunts vieux amis et ancien critique cinématographique du Parisien, du temps où ce dernier était encore « libéré », se faisait une joie d’assister aux conférences de presse de ce James Bond d’un genre nouveau.

Permettez-moi de citer la chose de mémoire.

Question : Quelle dimension psychologique mettez-vous dans l’interprétation du héros créé par Ian Fleming ?

Réponse : Parfois, je peux mettre un smoking noir. Mais aussi, un jour d’audace, un smoking blanc.

Autre question : Et votre interprétation dans ce même rôle ?

Autre réponse : Voilà qui est fort intéressant… Vous avez raison et pour donner plus de profondeur à ce personnage, il m’arrive parfois de cligner de l’œil droit. Mais il peut également m’arriver de cligner du gauche.

Dernière question : Quel sens donnez-vous à votre carrière ?

Ultime réponse : Par principe, je choisirai toujours de jouer dans un nanar grassement payé au soleil des Caraïbes, que de participer à un possible chef-d’œuvre tourné en plein hiver à Varsovie.

Il est un fait que la carrière du défunt, à force de navets dans lesquels il montra une tête de play-boy aussi expressive qu’une courge, a tout du potager. Il en est un autre que cet acteur au talent des plus limités fit aussi le bonheur de ceux qui, jadis, étaient encore un peu jeunes. Époque durant laquelle 007, agent au service de Sa Très Gracieuse Majesté, pouvait boire des liqueurs d’homme comme s’il en pleuvait, tirer sur des havanes comme si sa vie en dépendait, tout en multipliant ces blagues sexistes qui, de nos jours et en nos contrées, vaudraient à tout un chacun bagne et galères. Oh… James !

Il n’empêche qu’à l’occasion de Vivre et laisser mourir, de Guy Hamilton (1973, et sublime bande sonore originale de Sir George Martin et Sir Paul McCartney), ce fut la première fois que l’agent 007 emmena une actrice noire (très gironde Gloria Hendry) au septième ciel ; audace qui valut à ce film d’être interdit en Afrique du Sud. Tout comme, dans Les Oies sauvages (1978), sous la houlette du vétéran Andrew McLaglen, il critiquait la politique d’apartheid de manière délicate, subtile et autrement plus pertinente que les aboyeurs antiracistes d’alors.

 

 

Pour le reste, ce gentleman, sexuellement maltraité durant sa prime jeunesse, mit le beaucoup d’argent et le reste d’énergie lui restant à défendre, en tant qu’ambassadeur de l’UNICEF, les plus démunis qui puissent être : les enfants malheureux.

Roger Moore, le meilleur des James Bond ? Non, loin s’en faut. Mais le meilleur des hommes ? Oui, à n’en point douter. « Alors, commander, votre vodka Martini, à la cuillère ou au shaker ? Servi au bar, sur le canapé ou directement au lit ? » « C’est vous qui voyez, My Lady », aurait sûrement répondu celui qui fut, à l’évidence, le plus élégant et nonchalant des anciens capitaines de la Royal Navy.

À la tienne, mon Roger !

 

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23 mai 2017 2 23 /05 /mai /2017 20:46

 

Les Grandes Orientations de Politique Economique

Ou

La Révolte de Nations

 

Jean-Paul Marat

 

Pendant toute la campagne présidentielle, François Asselineau et l’UPR ont annoncé quel serait le VRAI programme des dix autres candidats, qui refusaient tous les dix de proposer aux Français de faire sortir la France de l’UE par la mise en œuvre la plus rapide possible de l’article 50 du traité sur l’Union européenne (TUE).

Du fait de l’engagement de la France dans l’euro et dans l’Union européenne, toutes les grandes décisions de notre politique économique et sociale sont dictées par les « recommandations » de la Commission européenne, également intitulées « grandes orientations des politiques économiques (GOPÉ) », que l’institution technocratique bruxelloise publie chaque année à la mi-mai.

Nous avions déjà publié un article pour expliquer quelles seraient les grandes mesures appliquées par le président de la République si François Asselineau n’était pas élu [1]. Il s’agissait tout simplement des GOPÉ pour 2016-2017, dont ce dossier décryptait la « langue de bois » européenne et qu’il est utile de relire aujourd’hui.

Or la Commission européenne vient de publier, ce 22 mai 2017 – soit quinze jours après le second tour de l’élection présidentielle, la mise à jour annuelle de ces fameuses « recommandations » [2].

L’examen de ce document révèle que les Commissaires européens – si grassement payés qu’ils gagnent plus que le président de la République française – ne se sont franchement pas fatigués puisqu’ils nous ont presque gratifiés d’un copier-coller du même document publié l’an dernier, le 18 mai 2016. On n’est pas loin de l’emploi fictif…

 

François Asselineau

 

Le préambule du rapport des « GOPÉ » 2017-2018

Notons tout d’abord trois éléments intéressants dans le préambule :

1er élément du préambule

Le document précise que, « en tant qu’État membre dont la monnaie est l’euro, et compte tenu des liens étroits entre les économies de l’Union économique et monétaire, la France devrait veiller à mettre en œuvre intégralement et en temps utile la recommandation concernant la zone euro, qui est prise en compte dans les recommandations figurant aux points 1 à 4 ci-dessous ».

Il faut noter ici que les points 1 à 4 sont l’intégralité des « recommandations ». Cette note du préambule tord en soi l’argumentaire des européistes (et des crédules) qui ont tendance à atténuer la portée des GOPÉ en expliquant qu’il ne s’agirait que de recommandations et non pas d’obligations.

Rappelons que cela est faux pour au moins deux raisons :

Depuis le pacte de stabilité et de croissance (PSC) de 1997 [3], et avec le « six-pack » [4], la Commission peut sanctionner financièrement les pays en cas de manquement ou de retard dans l’application des mesures préconisées. En cas d’« écarts importants », la Commission adresse à l’État membre un avertissement et sa situation est suivie tout au long de l’année. Si elle n’est pas redressée, la Commission peut proposer la constitution d’un dépôt correspondant à 0,1 % du PIB. Pour la France, il s’agirait donc d’un dépôt de 2,2 milliards d’euros. Les « recommandations » dans les textes se transforment donc, dans les faits, en obligations.

C’est aussi nier le fonctionnement des institutions européennes puisque la machine bruxelloise repose sur le concept de « soft law » et de « pression des pairs ». Le principe même de ces GOPÉ, c’est justement d’exercer constamment une pression sur les représentants d’un État.

Certes, ils peuvent ne pas appliquer telle ou telle « recommandation », pendant un certain temps, en échappant aux sanctions. Mais concrètement, il leur est impossible de refuser d’appliquer toutes les mesures tout le temps.

Du reste, le principe même des GOPÉ serait sinon vide de sens. En fait, il s’agit d’un étau intellectuel, juridique et moral qui se resserre peu à peu, et auquel il est impossible de se soustraire durablement.

2e élément du préambule

Le document précise par ailleurs que « le 28 avril 2017, la France a présenté son programme national de réforme pour 2017 et son programme de stabilité pour 2017. »

Cette date mérite que l’on s’y arrête un instant. Elle permet au lecteur de découvrir incidemment que la France a donc soumis son « programme national de réforme » (PNR) à la Commission européenne entre les deux tours de l’élection présidentielle !

En clair, les deux tours de l’élection présidentielle n’ont pas fait varier d’un iota la procédure, ni dans son agenda ni dans son contenu.

Cela confirme ce que François Asselineau a dénoncé tout au long de sa campagne présidentielle en soulignant que le rapport sur les GOPÉ de l’an dernier avait été publié le 18 mai 2016 mais restait valide pour les années 2016-2017. En fait, tout le processus suit son cours et la Commission européenne agit très exactement comme si les élections n’existaient pas.

Il s’agit du reste d’un secret de Polichinelle : n’est-ce pas le président de la Commission européenne, M. Juncker, qui a osé déclarer : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » On ne saurait mieux dire que l’Union européenne est précisément ce que l’on appelle une dictature.

3e élément du préambule

Le préambule du document indique enfin : « À la lumière des résultats du bilan approfondi de la Commission et de cette évaluation, le Conseil a examiné le programme national de réforme et le programme de stabilité. »

Nous avions montré dans un article précédent le lien direct entre les GOPÉ et le programme national de réforme ou PNR [5].

La preuve est ainsi apportée une nouvelle fois que, contrairement aux médias et aux dirigeants des partis politiciens qui veulent faire croire aux électeurs que le gouvernement français serait libre de ses choix, les GOPÉ se retrouvent bien dans le PNR et sont donc bien la feuille de route économique et sociale du gouvernement français.

 

Recommandations 2017-2018

 

Décryptage

1°) Que signifie : « se conformer à la recommandation du conseil du 10 mars 2015 au titre de la procédure concernant les déficits excessifs » ?

Cette formule pour initiés signifie que, comme tous les ans, la Commission européenne exige que la France poursuive une politique d’austérité renforcée.

La version du rapport de l’année 2015 [6] insistait sur le fait qu’ « il est impossible de dégager à court terme d’importantes économies sans ralentir considérablement la croissance des dépenses de sécurité sociale. […] Des économies de 11 milliards d’euros sur les dépenses de santé sont prévues pour 2015-2017, mais des efforts supplémentaires seront nécessaires pour limiter les hausses de dépenses dans ce domaine. »

En bref, les coupes sombres dans la santé, l’assurance-chômage et les retraites vont donc continuer et s’accentuer !

2°) Que signifie : « consolider les mesures de réduction du coût du travail afin d’optimiser leur efficacité de manière budgétairement neutre et d’accroître leurs effets sur l’emploi » ?

Cette formule signifie que la Commission européenne demande à la France de continuer les politiques du CICE et du « pacte de responsabilité » qui ont pourtant montré à la fois leur inefficacité en matière d’emplois, leur injustice vis-à-vis des artisans, PME et TPE, et leurs coûts extravagants. [7]

3°) Que signifie : « élargir l’assiette globale de l’impôt et poursuivre la mise en œuvre de la diminution prévue du taux nominal de l’impôt sur les sociétés » ?

Comme ce qui précède, c’est une reprise des GOPÉ 2016-2017 et c’est très simple à comprendre. Il s’agit de baisser l’impôt sur les sociétés et d’augmenter la TVA et/ou la CSG que paient tous les ménages, à commencer par les plus modestes. C’est Robin des Bois à l’envers puisqu’il s’agit de faire payer davantage les pauvres pour enrichir les très riches.

On pourrait imaginer un impôt sur les sociétés plus progressif avec une baisse du taux pour les artisans, PME et TPE qui sont les principaux créateurs d’emplois. Ce n’est pas du tout ce qui est demandé.

C’est à la fois une injustice morale, un scandale social et une stupidité économique insondable.

 

Charles-Henri Gallois

 

4°) Que signifie : « améliorer l’accès au marché du travail des demandeurs d’emploi, notamment les travailleurs les moins qualifiés et les personnes issues de l’immigration » ?

Même si ce n’est pas écrit aussi explicitement que dans le document de l’an dernier, la formule codée « améliorer l’accès au marché du travail des demandeurs d’emploi » est une ritournelle bien connue chez les européistes : elle signifie qu’il faut viser la fin des contrats à durée indéterminée (les fameux CDI critiqués comme ayant pour effet de dissuader les entreprises d’embaucher), et au-delà le démantèlement du droit du travail et de nos acquis sociaux.

Parler des personnes issues de l’immigration dans cette demande – c’est nouveau cette année – n’est pas anodin. Car l’Allemagne a créé des emplois à 80 centimes de l’heure, prétendument pour les intégrer [8]. Il s’agit en réalité d’exploitation de la misère, de concurrence déloyale et de prime au moins-disant social. Cela résume assez bien le « modèle européen ».

5°) Que signifie : « veiller à ce que les évolutions du salaire minimum soient compatibles avec la création d’emplois et la compétitivité » ?

Cela signifie que, le taux de change de l’euro étant trop cher pour la compétitivité de l’économie française, il faut procéder à une « dévaluation interne », comme le disent les économistes ayant le goût de l’euphémisme.

En clair, cela veut dire qu’il faut geler le niveau du SMIC, voire le réduire. Le salaire minimum en Bulgarie étant d’environ 200 euros par mois selon le cours de l’euro, ce n’est pas demain la veille que l’on verra la Commission européenne demander à la France de redonner du pouvoir d’achat aux Français en relevant substantiellement le SMIC….

En outre, va-t-on vers des SMIC variables comme en Allemagne ? Rappelons que là-bas, il n’y a pas de SMIC horaire dans l’agriculture, dans les secteurs concernés par les travailleurs détachés ou pour les chômeurs de longue durée…

6°) Que signifie : « continuer à lever les barrières à la concurrence dans le secteur des services, y compris dans les services aux entreprises et les professions réglementées » ?

Il s’agit de « l’ubérisation » de la société française, que l’UPR dénonce, comme elle dénonce toutes les autres « recommandations ».

En clair : il s’agit de mettre en concurrence frontale toutes les professions réglementées que sont les artisans-taxis, les experts-comptables, notaires, avocats, pharmaciens, médecins, dentistes, huissiers, etc., avec des agents économiques – français mais aussi roumains, polonais, bulgares, etc. – n’ayant pas les mêmes contraintes en terme salarial ni les mêmes compétences professionnelles validées.

Au bout du chemin, ce sera la chute brutale du niveau de vie des personnes exerçant ces professions réglementées et la destruction d’un grand nombre d’emplois.

Conclusion : les Tartuffes de l’élection présidentielle démasqués

Ce rapport 2017-2018 se révèle un peu décevant, en ce sens qu’il est plus concis que celui de l’an dernier et qu’il ne comporte pas beaucoup d’éléments nouveaux. Peut-être se méfie-t-on à Bruxelles de la publicité que la candidature de François Asselineau a faite à ces GOPÉ ? Et peut-être a-t-on jugé plus prudent de ne pas « trop en rajouter » ?

Quoi qu’il en soit, la publication de ce rapport confirme toutes les analyses de l’UPR, développées par François Asselineau pendant la campagne présidentielle. Il sonne la fin de la pièce de théâtre qu’était cette élection et démasque les dix autres candidats-tartuffes qui – de Mme Le Pen à M. Poutou – se sont tous refusés à simplement prononcer le mot même de « GOPÉ ». La réalité rattrape ici toutes leurs belles promesses, inapplicables dans le cadre de notre appartenance à l’Union européenne.

La seule façon d’éviter ce programme mortifère pour la France est de voter massivement pour les candidats de l’UPR lors des élections législatives des 11 et 18 juin afin qu’ils puissent imposer la tenue d’un référendum sur la sortie de l’UE.

Rappelons à cet égard que « changer l’Union européenne », comme le proposent tous les tartuffes, implique de changer les traités, ce qui nécessite l’unanimité des États-membres. Cela n’arrivera jamais [9] !

Pour libérer la France des GOPÉ, il faut tout simplement sortir de l’UE, comme le propose et l’explique l’UPR depuis 10 ans. Il n’y a pas d’autre solution.

Charles-Henri Gallois

23 mai 2017

 

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18 mai 2017 4 18 /05 /mai /2017 22:50

 

La Tragédie européenne et la France

Texte datant de 2004

(Comité Valmy)

 

 

La construction européenne supranationale que les peuples subissent depuis des décennies a été, pour l’essentiel, conçue par une oligarchie financière internationale et atlantiste, manifestement peu sensible aux exigences sociales. Depuis son origine elle entend, de façon masquée pendant une longue période, ouvertement depuis Maastricht, supprimer pour chaque peuple et nation concernés, le droit pourtant inaliénable à disposer d’eux-mêmes et à maîtriser leurs destins. Ce déni de la souveraineté populaire et nationale est global et concerne tous les domaines, économique et social, culturel et idéologique, militaire et politique. Il implique même, cela est devenu évident aujourd’hui, la déconstruction de la République et la disparition de la France en tant que nation indépendante.

Il n’est pas inutile de rappeler que la création, le 4 avril 1949, de l’Alliance atlantique coïncide chronologiquement avec la création du Conseil de l’Europe, le 5 mai 1949. En avril 1948 la création de l’OECE (Organisation européenne de coopération économique), qui avait pour but de répartir les fonds du plan Marshall d‘aide américaine à la reconstruction de l’Europe, a d’une façon que l’on peut certes discuter, contribué à celle-ci. Mais ce fut aussi, historiquement, un véritable cheval de Troie du renforcement économique, politique, culturel et idéologique de l’hégémonie US sur notre continent ainsi que de la promotion de l’ « american way of life ».

On ne peut ignorer non plus que dès l’institution de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier), toute la construction européenne s’est élaborée sans l’aval des peuples, autour d’une logique supranationale et dans une perspective fédérale. Ses initiateurs et principaux soutiens furent recrutés parmi les milieux atlantistes et pro-américains les plus affirmés de la démocratie chrétienne, rapidement rejoints par les dirigeants du Parti socialiste.

 

Jean Monnet - Léon Blum - James F. Byrnes

 

En fait, dès janvier 1946, Léon Blum, qui négociait à Washington les accords Blum-Byrnes, y prononça un discours modéré sur la forme mais dont le sens profond ne fait aucun doute. « Je sais bien que la France ne vous laisse pas indifférents. Je crois qu’aujourd’hui encore elle conserve un pouvoir d’influence spirituelle et d’orientation politique pour l’ensemble du continent européen, et je ne crois pas me montrer trop présomptueux si j’affirme qu’en Europe, la France est encore aujourd’hui, comme elle l’était jadis, la position stratégique dominante de la démocratie et que sur le plan mondial, sa coopération active est et restera un élément indispensable pour cette organisation pacifique du monde où votre pays a pris l’initiative principale et dont il a assuré la principale responsabilité. » (« La Revue socialiste », janvier 1951).

A aucun moment, en dehors de la parenthèse gaulliste malheureusement trop courte pour les défenseurs de l’indépendance nationale, ce caractère, à la fois très libéral et antisocial d’une part, antinational et atlantiste de l’autre, n’a cessé d’être le contenu essentiel de la démarche d’intégration européenne.

Certes, un premier obstacle sérieux fut dressé par notre pays contre cette politique supranationale et atlantiste avec l’échec de la CED, première tentative d’abandon du caractère national de la défense (et de la politique étrangère) de la France. A l’Assemblée nationale, une majorité de députés, unissant pour l’essentiel gaullistes et communistes, mirent en échec le 30 août 1954 le projet de Communauté européenne de défense concocté par le parti de l’étranger qui rassemblait, là encore, la social-démocratie et une partie notable de la droite, inconditionnellement atlantistes.

De même, de mai 1958 à avril 1969, sous la présidence du général de Gaulle, la France s’employa cette fois résolument à mener une politique d’indépendance nationale et donna un coup de frein provisoire à cette fuite en avant dans la supranationalité. Dans ce contexte, le « Compromis de Luxembourg » (janvier 1966) imposa l’unanimité dans le processus de décision européen, permettant à un Etat, au nom de ses intérêts nationaux essentiels, de s’opposer efficacement à tel ou tel projet ou décision communautaire contraire à ses intérêts. Cette politique a permis à notre pays un essor économique et un progrès industriel et agricole remarquables, mais dont les retombées sociales ne furent pas à la hauteur des possibilités existantes. On sait même que la présence pesante, dans les gouvernements et l’appareil d’Etat, de forces hostiles au progrès social empêcha le général de Gaulle de mettre en pratique l’élément emblématique de sa politique sociale : la Participation. Celle-ci resta pour l’essentiel lettre morte, ce qui ne fut probablement pas sans conséquences, notamment sur les événements de mai 68.

 

Georges Pompidou & Valéry Giscard d'Estaing

 

Quoi qu’il en soit, à partir des années 1970, la fuite en avant dans la voie de la supranationalité reprend son cours et devient un objectif primordial. Il s’agit de prendre de vitesse la progression dans la conscience populaire du caractère délétère de cette construction européenne et de ses conséquences économiques et sociales. Dans cette même logique, l’un des objectifs est de rendre irréversible l’engrenage supranational. Pourtant, pendant des décennies les partisans du fédéralisme avanceront masqués, afin de mettre les nations et les peuples, à chaque étape, devant le fait accompli.

D’autre part et parallèlement, la préoccupation purement économique, aux dépens des problèmes sociaux, devient au cours de cette même période largement dominante. Elle était certes déjà présente dès le Traité de Rome, qui s’assignait pour objectif de jeter les bases, par la libéralisation des échanges, d’un Marché Commun (ou unique) des six pays fondateurs, mais elle était alors encore assortie d’un certain nombre de considérations contraires à la notion du libéralisme intégral, dues notamment au rapport des forces à l’intérieur de la France ainsi qu’au niveau international.

En revanche, la vision purement économiste sera plus que jamais affirmée à partir de 1977, passant du libéralisme à l’ultra-libéralisme et amenant la construction européenne à intégrer pour l’essentiel la « mondialisation », dont l’épicentre se situe, chacun le sait, aux Etats-Unis. Soumise aux impératifs des grandes entreprises et de la finance mondialisée, qu’ils soient exprimés dans le cadre de l’OMC, du FMI ou de la Banque mondiale, cette construction européenne en est devenue, en dépit des apparences et des professions de foi, un outil sur notre continent.

 

 

Le traité de Maastricht (février 1992) prétend même rendre cet état de fait irréversible, puisqu’il stipule que « les Etats membres de l’Union agissent dans le respect d’une économie ouverte où la concurrence est libre ». La France et son peuple seraient ainsi condamnés à l’ultra-libéralisme à perpétuité. Le projet de Constitution qui résulte de la « convention » présidée par Giscard d’Estaing confirme cette prétention, réaffirme la règle de la concurrence libre et non faussée et prévoit d’interdire tout choix éventuel d’une politique contraire à ces pratiques.

L’obligation du passage à l’euro, effectué sans aucun référendum en dépit des promesses faites expressément par le Président de la République, le pacte de stabilité et l’installation totalement anti-démocratique d’une Banque centrale européenne indépendante de tout pouvoir politique, traduisent la même philosophie, en même temps qu’elles instituent un jalon décisif vers l’instauration d’un pouvoir supranational très centralisé.

Il convient de mesurer les conséquences sociales de ce voyage, que les néo-libéraux voudraient sans retour, dans le capitalisme sauvage. Comment ne pas voir, pour commencer, son impact sur le chômage, plaie de notre société, la casse des entreprises, les délocalisations devenues quasi systématiques, entraînées par la liberté totale des échanges, le souci de la compétition et la politique de dérégulation de la Commission européenne.

 

 

Cette progression du chômage est impressionnante, + 6% en 2003, plus de 7,2% pour les jeunes ; il frôle la barre des 10% et peut-être davantage, les statistiques officielles étant sujettes à caution tandis que le travail précaire devrait être aussi pris en compte. Certes, une telle tragédie pour les victimes de la déstructuration du tissu social ne peut être mise exclusivement au débit des institutions de Bruxelles, mais celles-ci ne font que renforcer, à l’échelle nationale, cette conséquence du néo-libéralisme mondialisé.

Selon l’Insee le chiffre de l’inflation est de 2,2 % pour 2003. Toujours selon cette statistique, il est de 5,8 % pour les trois dernières années. Mais le mode de calcul de l’Insee est loin d’être crédible et il est même contesté par un dossier daté du 31 janvier 2003 du Figaro Magazine, qui n’a pas la réputation d’être un bulletin de la CGT : « En 2002, juste après la mise en circulation de l’Euro, les associations de consommateurs s’étaient d’ailleurs emparées du sujet. Plusieurs enquêtes, menées durant deux ans dans les grandes surfaces, toujours sur les mêmes produits, avaient alors été publiées. Avec des conclusions sans appel : + 118 % en deux ans sur les produits frais, + 38 % sur les rayons « hygiène et beauté », + 42 % sur l’épicerie … Encore plus frappant : la comparaison entre les relevés de prix réalisés par les inspecteurs de l’Insee et ceux opérés par les gérants de grandes surfaces au cours de l’été 2001, juste avant le « pacte de stabilité des prix », une période cruciale au cours de laquelle beaucoup de marques s’étaient empressées d’augmenter leurs prix. L’enquête des distributeurs menée sur 150 000 produits vendus dans 1 500 hypers et supermarchés de France, concluait à la plus forte hausse des prix depuis cinq ans, dont + 5,2 % rien qu’entre juillet et août 2001 sur les 1500 produits les plus vendus. Tandis que pour la même période, au poste « alimentation », l’Insee trouvait un minuscule 0,2 % ».

Pendant ce temps, du côté des salaires, la règle générale est la régression des rémunérations, en tout cas en terme de pouvoir d’achat. Selon la CGT pour prendre un exemple chiffré, la baisse cumulée de celui–ci serait à la SNCF de 22 % depuis 1982 (alors que, dans cette entreprise nationale et de service public, la productivité a fortement augmenté tandis que de nombreux emplois sont méthodiquement supprimés). Le ministre délégué au budget Alain Lamassoure s’était même fixé, pour la période 2005-2007, de faire baisser la masse salariale et les crédits des administrations de 9,5 milliards d’euros…

Par contre, il n’est pas question d’austérité du côté du patronat et des actionnaires. La part des dividendes reversée aux actionnaires des entreprises du CAC 40 représente la moitié de leurs bénéfices…

Quant au montant des retraites par rapport à celui du coût de la vie, il recule aussi, année après année. La durée de cotisation permettant le départ à la retraite s’allonge de façon continue, et ce, en raison de décisions supranationales. Lors du Conseil européen de Barcelone (15 et 16 mars 2002), il a été décidé – en présence et avec l’accord du Président de la République et de son Premier Ministre socialiste – entre autres mesures antisociales, de repousser de 5 ans l’âge de la retraite. Cette décision, cyniquement contraire à la souveraineté populaire, ignorait les citoyens à quelques semaines de l’élection présidentielle. Durant la campagne de cette élection, le peuple français a été manipulé, au nom du débat droite-gauche, sur des questions déjà tranchées à Barcelone ou à Bruxelles. Il est probable que ce mépris du peuple exprimé par le sommet de Barcelone explique pour une part les résultats du 21 avril.

 

L’Europe des ethnies

 

Globalement immergée dans la logique néo-libérale de la mondialisation, l’édification d’une Europe fédérale des « Länder » (régions) a dans notre pays un autre ennemi prioritaire : les entreprises nationalisées et tous les services publics. Son attaque systématique contre le secteur public et nationalisé français est à la fois antinationale et antisociale.

Les privatisations sont en effet d’abord une attaque contre l’une des principales bases économiques de l’indépendance nationale. Cet aspect est souvent ignoré, incompris, voire nié par certains amis qui se qualifient de « souverainistes ». « L’Etat n’a pas à vendre des voitures » répète souvent l’un d’eux, en approuvant la privatisation de Renault. Cette question, au-delà des réflexes idéologiques, semble pourtant mériter une réflexion urgente. Et l’on peut ici paraphraser Marx en soulignant qu’aujourd’hui : le Capital financier n’a pas de patrie.

La politique d’indépendance nationale du général de Gaulle avait pu s’appuyer sur la partie « nationale » du capitalisme en France, laquelle est considérablement affaiblie de nos jours. Il est hautement souhaitable en conséquence, de reconstituer les bases économiques et sociales de l’indépendance de la France. De ce point de vue, la défense et la reconquête stratégique d’un secteur public et nationalisé, certes limité mais suffisamment solide, est nécessaires, ainsi que le maintien et la promotion d’entreprises contrôlées par des capitaux nationaux.

Une économie comportant une part de mixité combinant public et privé, dynamisme, efficacité économique et progrès social, correspond cependant aux nécessités et possibilités actuelles de la France. Ce serait une alternative crédible au néo-libéralisme maastrichtien et une réponse à la mondialisation. Les méfaits de celle-ci, les guerres dites préventives qu’elle génère, rendent perceptible par le plus grand nombre le fait que les destructions de ce capitalisme sauvage ont dépassé le seuil du socialement tolérable et conduisent le monde au chaos. Les Nations, les Etats et les peuples devront, au minimum, se donner les moyens de placer le marché en liberté conditionnelle et de mettre l’économie au service de la société.

Le service public a la confiance du peuple qui lui est très attaché. Il favorise la solidarité nationale et l’égalité. Il est efficace même s’il peut être amélioré, y compris de manière paritaire dans sa gestion. Souvent il a démontré sa capacité à être un facteur de progrès social. Ainsi que le rappelle un responsable de la CGT de la fédération des Postes et télécommunications, « En France, le service public est lié à l’histoire de la Nation. Depuis plusieurs siècles, une volonté politique s’est manifestée pour que l’Etat soit partie prenante de l ‘organisation de la réponse aux besoins collectifs, et ce, avant même la Révolution française (qu’on songe à Colbert, par exemple). Mais le contenu le plus fort du service public a été promu lorsque c’est le peuple qui est intervenu : l’exemple le plus marquant, c’est la période de la Libération » (A.Gautheron, « Bastille République Nations », décembre 2003).

Il n’y pas d’argumentation sérieuse, même économique, en faveur du démantèlement du secteur nationalisé et du service public. Son origine est essentiellement idéologique, c’est la sacralisation dogmatique, au nom d’intérêts de classe, de la propriété privée. Les exemples foisonnent qui démontrent qu’en termes de sécurité ou même d’efficacité le dogme de la privatisation n’est en rien une panacée ni une garantie d’efficacité. Les chemins de fer britanniques ou encore le secteur de l’électricité aux USA, en sont des cas d’école. En Belgique, l’explosion catastrophique d’Ath (juillet 2004), due à une fuite de gaz et qui a fait 140 victimes dont au moins 18 morts, nous rappelle, que dans ce pays la gestion du réseau de gaz est réalisée par une société privée : la société Fluxys du Groupe Suez. En France, la privatisation de GDF, qui est à l’ordre du jour, apparaît plus que jamais inopportune.

Pour cette même raison, l’ensemble des républicains et des défenseurs de la souveraineté nationale et populaire ne peut accepter la mise en place de ces soi-disant « services d’intérêt collectif » voulus par Bruxelles, qui conduiraient en fait à la destruction de tous les secteurs et services publics.

Un autre des objectifs majeurs des dirigeants européistes néo-libéraux (de droite comme de gauche) et du MEDEF confondus, est de mettre le feu au Code du travail. Sous prétexte de permettre l’émergence d’un « droit du travail plus efficace », ainsi préparent-ils un retour à des conditions de travail dignes du 19ème siècle. Une nouvelle illustration de cette dérégulation brutale vient d’apparaître : les affaires Bosch en France et Daimler-Chrysler en Allemagne indiquent que le patronat européen entend maintenant utiliser plus systématiquement, plus cyniquement encore le chantage aux délocalisations, pour casser la législation relative au temps de travail et diminuer les salaires.

 

 

Il ne peut être question ici d’établir un catalogue de la régression sociale qu’apporte la nature ultra-libérale de cette Europe, qui n’est pas réformable et dont les fondations même devront être éliminées. De nombreux autres exemples pourraient être abordés : quasi-abandon de la recherche fondamentale publique, dont le budget diminue de manière drastique, mise en cause du droit de grève, dégradation inexorable dans le domaine de la santé et de la Sécurité sociale, misère chronique des hôpitaux, etc…

Conséquence de cette véritable situation d’insécurité sociale, le mécontentement s’approfondit dans la Nation. La classe ouvrière, le peuple, font de plus en plus la liaison de cause à effet entre cette Europe et la généralisation des difficultés sur le plan économique et social.

Manifestement, certains dirigeants syndicalistes freinent le mouvement social. C’est le cas à la CFDT qui porte une lourde responsabilité par rapport au monde du travail. Mais elle n’est pas la seule à avoir des dirigeants défaillants ou capitulards. Il est devenu urgent que la base syndicale et populaire ne se laisse plus désorienter par des responsables qui ne veulent pas lutter car ils se sont placés dans une perspective stratégique totalement illusoire, celle de la quête incantatoire d’une « Europe sociale » qui constitue l’objectif démagogique et de façade de la social-démocratie fédéraliste et de ses satellites.

Nous devons faire confiance au peuple et en particulier au peuple laborieux. Car c’est bien le peuple de France, et lui seul, qui a la capacité de rétablir sa souveraineté, de réaffirmer la République une et indivisible, l’indépendance de notre pays et de reprendre en main la définition d’une politique économique et sociale conforme aux intérêts de la Nation. Cette politique doit être décidée à Paris et non à Washington, Berlin, Bruxelles ou ailleurs.

Le mouvement social, le combat des patriotes, qui dans leur masse sont des républicains véritables, riches de leurs sensibilités diverses, celui de tous les citoyens attachés à l’indépendance, sont convergents sur l’essentiel. Dans des limites évidentes, leurs acteurs sont des alliés objectifs, même si la conscience de cette réalité concrète est bien loin d’être générale chez les uns ou les autres.

 

 

Cette question des alliances est plus que jamais fondamentale.

On entend parfois dire que la sensibilité de nos concitoyens attachés à la France serait le plus souvent de droite, que celle-ci serait davantage porteuse des valeurs nationales (notion très contestable actuellement et qui fut totalement fausse pendant la Résistance), et qu’une alliance entre la droite « souverainiste » et l’extrême-droite nationaliste (mais en réalité souvent pétainiste) pourrait permettre de rétablir la souveraineté nationale. Nous avons affaire ici à un mirage et cette démarche est totalement contre-productive. Elle est contraire à une politique nécessaire de rassemblement du peuple de France. Celui-ci est maintenant une perspective crédible et serait la voie la plus sérieuse, la plus efficace et la moins coûteuse selon le Comité Valmy, car elle correspond aux intérêts directs de l’immense majorité des citoyens de notre pays qui, l’avenir le démontrera, est viscéralement patriote.

La patrie est en danger. La République aussi qui, dans la perspective d’Europe fédérale des « Länder », doit être démantelée ; son unité est déjà mise en cause sous prétexte de régionalisation et de décentralisation. La vie économique et sociale se détériore rapidement en raison de l’ultra-libéralisme mondialiste de cette Europe. Par exemple, les Restaurants du cœur, ces soupes populaires du 21ème siècle, ont distribué 61,5 millions de repas à 610 000 personnes en 2003, enregistrant, ainsi que les autres organisations de solidarité, une hausse de 10 % de leur fréquentation. Le peuple de France est gravement pénalisé. Il voit ses conditions d’existence régresser brutalement et la pauvreté exploser.

A partir de ces réalités, il s’agit maintenant de trouver le chemin le meilleur pour une contre-offensive populaire convergente que l’on peut estimer dès maintenant potentiellement majoritaire. Pour conduire à la victoire, ce chemin passe par l’union de notre peuple et la recherche d’un compromis historique qui pourrait prendre la forme d’un front uni républicain, patriotique et de progrès social. Ce rassemblement sera opposé à un autre front, celui des fédéralistes, que ceux-ci se réclament de la droite ou se prétendent de gauche et qui sont, en pratique, hostiles à la nation ainsi qu’à la République une, indivisible, laïque et sociale.

Ainsi, en cette période historique décisive pour l’avenir de la France, notre peuple doit travailler à s’unir sur ces trois axes solidaires et essentiels que sont la souveraineté populaire et nationale, la République et la question sociale.

Notre référence est le rassemblement de la Résistance en France, pendant la deuxième guerre mondiale, ainsi que le programme national, républicain et de progrès social du Conseil National de la Résistance. Aujourd’hui, il apparaît comme nécessaire et urgent, dans son esprit et de manière pluraliste, d’élaborer une Charte Nationale et Républicaine et de convoquer des Assises de la République. Nous en sommes persuadés : cette démarche de convergence, d’alliance et de front uni peut permettre d’ouvrir une perspective nouvelle et crédible, pour assurer la pérennité du destin de la France.

L’actuelle construction européenne supranationale n’est pas amendable car elle nie les peuples, les nations et même la démocratie. Une autre Europe reste-t-elle possible, qui ne déboucherait pas inéluctablement sur la supranationalité et le fédéralisme ? Certains le souhaitent et la question reste ouverte, mais elle ne pourrait certainement pas se réaliser sur des fondations telles que posées à Maastricht.

La seule voie réaliste nous semble devoir passer par des alliances stratégiques entre Etats dans le respect des souverainetés et des peuples.

Dans cette logique, le Comité Valmy estime qu’une alliance européenne stratégique, non atlantiste et exempte de volonté hégémonique ou de création d’un nouvel empire concurrent, est souhaitable probablement pour une longue période historique. Elle s’enracinerait sur le développement de la solidarité ainsi que sur la souveraineté des peuples et des nations ; sur la conjugaison de leurs intérêts réciproques et sur la définition méthodique de leurs objectifs communs, économiques, sociaux et politiques. En tout premier lieu, cette Europe des nations serait au service de la défense de la paix dans le monde, menacée d’abord par la volonté hégémonique et par la stratégie de guerres préventives de l’Empire américain, et également par divers fanatismes religieux et politiques qui se stimulent réciproquement.

 

 

Cette alliance contraire à la logique mondialiste, constituée autour de ces réalités objectives que sont les nations et les peuples, permettrait de créer un puissant pôle anti-impérialiste, favorisant le nouvel équilibre mondial aujourd’hui nécessaire. Une ligne Paris- Moscou- Berlin pourrait en être l’épine dorsale naturelle. Cela impliquerait que l’Allemagne ait abandonné son actuelle volonté d’hégémonie plus ou moins « douce » sur l’Europe.

Cette alliance rechercherait des relations d’entente et de coopération avec des pays tels que la Chine, l’Inde, le Brésil et les autres peuples du monde, notamment ceux d’Afrique et de l’arc méditerranéen. Naturellement, les pays de la Francophonie pourraient, dans la mesure où ils le souhaiteraient, être associés en priorité à cette démarche de paix, de solidarité et de progrès pour un monde multipolaire.

Claude Beaulieu, président du Comité Valmy Contribution à l’ouvrage collectif La Tragédie européenne et la France, sous la direction du Général Pierre-Marie Gallois et de Pierre Maillard, Ambassadeur de France - Editions François-Xavier de Guibert, Paris, 2004

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