2 octobre 2018 2 02 /10 /octobre /2018 15:55

 

Je m’voyais déjà

Ou

Comme ils disent

(Nicolas Gauthier)

 

Charles Aznavour 

 

Charles Aznavour n’est plus. Le temps passe et les mœurs changent, surtout en ces temps d’immigration massive. Ainsi, Shahnourh Varinag Aznavourian, son patronyme d’origine, à l’instar d’Henri Verneuil (Achod Malakian, de son vrai nom), était-il issu de l’immigration arménienne. Laquelle ne consistait pas à aller voir s’il faisait là plus chaud qu’ici, quoique la « misère soit toujours plus belle au soleil » ; simplement parce que pris dans les bouleversements de l’Histoire, leur vie était véritablement en danger. Le sacro-saint droit d’asile n’était alors pas vidé de sa substance.

À l’époque, Éric Zemmour était à peine né, et pourtant prévenaient-ils déjà les débats à venir, troquant leurs appellations d’origine contre des prénoms européens. Shahnourh pour Charles, Achod pour Henri. Ce qu’ils ont pu y perdre de racines, les branches de l’arbre français y ont trouvé tout à y gagner. Résultat ? Ces immenses artistes, aujourd’hui donnés pour Français emblématiques, ne l’étaient pas à la naissance.

Si la carrière d’Henri Verneuil se confond désormais avec l’histoire du septième art de chez nous, il en va aussi de même de celle de Charles Aznavour ; lui dont les chansons ont ponctué tant de moments de nos vies, même dans ce qu’elles peuvent celer de plus intime.

Tous ceux qui ont, un jour, rêvé de faire quelque chose de leur existence ont écouté Je m’voyais déjà, tandis que les autres, ayant rencontré l’être aimé au son des Plaisirs démodés, ont fini par s’en lasser à celui de Tu t’laisses aller. Les mêmes, se rappelant des jours durant lesquels un quignon de pain faisait office de festin, n’ont pas oublié sa Bohème. Quant à ceux qui préféraient le lit des hommes à la couche des femmes, c’était Comme ils disent.

Les amateurs de musiques pour jeune ont également une dette à son égard, à en juger des chansons écrites pour de plus vertes pousses : Retiens la nuit, à l’attention de Johnny Hallyday, et La plus belle pour aller danser, à celle de Sylvie Vartan. Tubes majeurs qui doivent, il n’est pas anodin de le préciser, à son vieux comparse, Georges Garvarentz – autre compatriote arménien.

 

Charles Aznavour

 

Mais l’ami Charles, c’était aussi le cinéma, l’homme ayant le don de passer des planches du music-hall à celles du cinoche avec la même nonchalance. Quelques titres permettent, à eux-seuls, d’en juger : Tirez sur le pianiste, en pianiste dépressif, avec la divine Marie Dubois, le cinquième film de François Truffaut ; Un taxi pour Tobrouk, en juif très perdu dans le désert, de Denys de La Patellière ; La Métamorphose des cloportes, en improbable gourou vaguement hindouiste, de Pierre Granier-Deferre ; Les Fantômes du chapelier, en tailleur fatigué, de Claude Chabrol. Et un petit clin d’œil pour son interprétation pour le moins bluffante d’un autre pianiste, dépressif évidemment, mais surtout poivrot en stade terminal, dans le très mésestimé Dix petits nègres, de Peter Collinson, étrange coproduction anglo-cosmopolito-iranienne, dans laquelle une autre regrettée, Stéphane Audran, jetait ses feux ensorcelants.

On rappellera encore que si le public demeura toujours fidèle à Charles Aznavour, l’homme, lui, ne s’appréciait guère. Complexé d’être petit et à peine plus beau qu’un furoncle, souffrant d’une voix qu’une tabagie intensive avait prématurément voilée, il en voulut beaucoup et longtemps à ces critiques ayant peiné à saluer son indéniable talent. Ces querelles ne sont désormais plus de mise. Et de son œuvre, on préférera se souvenir plus des pics que des creux. À sa manière, et ce, en termes de totem national, Aznavour était aussi un autre grand Charles, même si autant d’Arménie que de Gaulle. Comme quoi…

PS : pour les amateurs de bonne musique et d’un Aznavour au top, cet album : Jazznavour, dont le maître d’œuvre est un Arménien, l’ébouriffant Lévon Sayan.

 

Charles Aznavour avec sa fille Katia & avec Johnny Hallyday

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28 avril 2018 6 28 /04 /avril /2018 13:27

 

Sue Foley

The ice queen

2018

 

La voix de Sue Foley constitue, à elle seule, une invitation totale à franchir les dernières marches du « Stairway to heaven » dans un état d’hébétude maximal ! Lorsque l’on examine attentivement la liste des musiciens en présence et, comme ils jouent au ravissement, s’ajoute le plaisir à l’état pur. Charlie Sexton à la slide guitare, Jimmie Vaughan à la guitare, Billy F. Gibbons à la guitare et à l’harmonica et les 3 au chant sur 3 monumentales compositions de la Miss, sans compter une ribambelle de pointures sur le reste de l’opus : Chris Layton à la batterie, entre autres, et Mike Flanigin aux claviers, John Bradley à  l’up right bass, en bref, toute la fine fleur des Bluesmen texans.

12 titres exceptionnels, dans lesquels la superbe Sue nous revient dans une forme surprenante. Elle excelle aussi bien en formation qu’unplugged et seule, ce que prouve aisément « The dance » et « Cannonball blues ». Il faut dire que « He sait she said » remonte à 2010 et que sa longue absence est due à un travail universitaire qu’elle souhaitait achever sur les plus grandes guitaristes, « Guitar women », qui existe en DVD et va sortir en livre. Un somptueux retour !

Dominique Bouley

 

 

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26 avril 2018 4 26 /04 /avril /2018 13:38

 

Shaggy Dogs

All inclusive

2018

 

Avec « All inclusive », nos amis de Shaggy Dogs nous emmènent vers un peu plus de Rock’n’roll et Boogie que sur les albums précédents, sans pour autant délaisser leurs influences Pub rock qui ont fait leur réputation.

Dès le 2éme titre « Facebook fury », on constate l’apport évident du dernier arrivant, Benoît Berardet, avec une intro au piano que ne renierait pas Jerry Lee Lewis. On va d’ailleurs retrouver cette omniprésence des claviers tout au long de l’album, complétant parfaitement la cohésion du groupe, qui ne se résume pas simplement aux 5 musiciens, mais inclut d’autres personnalités incontournables, telles que Laurent Bourdier pour les textes, Oncle Red pour l’artwork, Franck Rapido pour les vidéos, et quelques amis très proches comme notre Titi Maingot national, car les Shaggy Dogs c’est avant tout une très belle famille !

Mais « All inclusive » nous réserve quelques belles surprises, avec un détour Latino « El dia de los muertos », du Blues, car ils savent également très bien le faire « Tired of it all », et même un pur instrumental « Watch out » où chacun s’en donne à cœur joie sur un rythme endiablé.

L’album se termine sur une version plutôt énervée « No mo do Yakomo » de leurs mentors de toujours Dr Feelgood, refermant ainsi 13 titres de grande classe. Il se murmure, qu’après des tournées toujours remarquées au Benelux, nos chiens hirsutes pourraient changer d’hémisphère d’ici peu, pour quelques concerts australiens.

Croisons les doigts avec eux pour que cela se réalise parce que, comme dirait l’autre, ils le valent bien !

Alain Hiot

 

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