A l'origine du swing.
Le jazz est un style, non une composition. N'importe quelle musique peut être interprétée en jazz, du moment que l'on sait s'y prendre. Ce n'est pas ce que vous jouez qui compte mais, la façon dont vous le jouez.
Jelly Roll Morton
Le Cotton Club
Le Jazz qui balance ...
Les différents courants de la musique populaire puisent bien souvent leur origine d’un phénomène de société. Ils traduisent de façon artistique le ressenti d'une frange de la population confrontée aux événements.
Parfois simples réponse ou échappatoire, ils sont malheureusement bien souvent de véritables exutoires aux difficultés rencontrées dans la vie quotidienne. Il en va ainsi du blues, du jazz, du rock, du rap etc... Le swing, qui n’est pas vraiment une musique mais plutôt une façon d'interpréter le jazz, c’est-à-dire joué en faisant balancer le rythme, trouve lui aussi son origine dans un des évènements marquants qui a bouleversé le monde.
C. Barnett, T. Dorsey, B. Goodman, L. Armstrong et L. Hampton
La prohibition
Une Amérique prospère ...
La grande guerre a contribué à élargir et à accélérer le processus d'industrialisation de l'Amérique du Nord. Soudés autour d'une origine commune, les Etats-Unis ont su profiter du développement des usines d'armement et de la construction automobile, rapidement reconverties après le conflit dans la fabrication d'objets de confort.
Les bootleggers ont bâti leur empire dans les vapeurs de l'alcool de contrebande, le président Hoover, fraichement élu, exhibe un sourire rassurant, l'économie du pays semble prospère. La population et, plus particulièrement la classe moyenne, adhère aux nombreux biens de consommation, souvent grâce au crédit : automobile, radio, téléphone, appareils électroménagers, prêt-à-porter, nourriture sous emballage.
De nouveaux moyens de communications se développent, sonores et visuels, créant une culture collective. Le cinéma, la Radio mais aussi les quotidiens populaires et les magazines illustrés influencent les comportements. Le cinéma de Hollywood, le jazz et les gratte-ciel, projettent dans le monde entier l’image séduisante d'une société florissante. Les stars de cinéma et les revues de music-hall servent de modèle, les mœurs se libèrent, les orchestres de jazz font danser le charleston, le fox-trot. Les femmes fument, font du sport en public, conduisent des voitures. Oui tout semble aller pour le mieux. Les spéculations financières vont bon trains Et les banquiers se frottent les mains.
Limousine Lincoln 1920
Le jeudi noir
Le jeudi qui bouleversa l'Amérique ...
Mais le 29 octobre 1929, le krach boursier sonne le glas des Années 20 et efface soudain les mirages de « l'American way of life ». Le « jeudi noir » va mettre fin à ces « années folles », et Wall Street va faire passer les États-Unis de l'euphorie à la panique. Quelques hommes d'affaires se défenestrent avec grâce, d'autres tentent de sauver la face.
L'Amérique toute entière découvre soudain le marasme économique et la misère urbaine, que l'on feignait jusqu'alors d’ignorer. Pas moins de douze millions de chômeurs viennent grossir les fichiers d'attente des bureaux d'emploi. Le malaise social est terrible et le monde du spectacle n'échappe pas à la crise.
De profondes mutations vont bouleverser le milieu musical qui, paradoxalement, saura se ressaisir rapidement en profitant des effets pervers de la crise et de l'Amérique meurtrie. Les cabarets exigent des paillettes, du mouvement et du bruit, le public souhaite s'étourdir dans le mirage d'une prospérité d'apparat, dans l'ivresse de la danse et les artifices du luxe pour mieux se bercer d’illusions et tenter d’oublier la récession.
On efface son stress dans une profusion de strass et l’on se joue de l’équilibre en balançant le rythme. Le Swing venait de naître et il permettra à de nombreux musiciens de dévoiler au monde entier toute l'étendue de Leur talent.
L'american way of life, une réalité devenue utopie
Dépression