5 octobre 2015 1 05 /10 /octobre /2015 15:02

 

Grandeur et décadence

Ou

Quand la France fait peur

(Dominique Jamet)

 

La France a peur… Et ce n’est pas feu Roger Gicquel qui le dit pour ouvrir son journal télévisé sur un fait divers particulièrement spectaculaire. C’est un sondage aux questions à peine biaisées, à peine orientées, qui l’affirme. Et de quoi ou de qui aurait-elle peur, la pauvre France ? Du grand méchant ours, de Vladimir Poutine en personne. Parbleu !

 

 

« Les Français », en tout cas les sondés, lorsqu’on leur demande benoîtement « si la Russie a raison ou tort de soutenir militairement Bachar el-Assad, principal responsable de la répression contre le peuple syrien », répondent à 75 % que la Russie a tort.

« Les Français », lorsqu’on leur demande innocemment si, « après l’intervention militaire russe, ils ne craignent pas que le conflit syrien dégénère et s’étende au-delà du Moyen-Orient », répondent qu’ils le craignent en effet. À 80 %.

Dûment mis en condition par le libellé des deux premières questions et entraînés par la logique de leurs propres réponses, « les Français », lorsqu’on leur demande, sans avoir l’air d’y toucher, quelle opinion ils ont de Vladimir Poutine, répondent qu’ils l’ont mauvaise (l’opinion), à 72 %.

Il est vrai que les premières frappes aériennes menées par la Russie semblent prouver qu’à Moscou, quand on décide d’y aller, on n’y va pas de main morte. Il est vrai que les Russes ne s’attardent pas à faire le tri entre de « bons » rebelles syriens, « démocrates », « libres »… regroupés dans l’Armée de la conquête et acoquinés avec le Front al-Nosra, branche militaire d’Al-Qaïda et de « mauvais » rebelles enrôlés sous la bannière noire de Daech. Il est vrai qu’ils ne ménagent pas plus les salafistes financés par le Qatar que ceux qui ont été armés par les États-Unis. Il est vrai qu’ils ne se cachent absolument pas de vouloir consolider le régime syrien dont une plainte en justice opportunément déposée et une exposition de photos opportunément organisée visent à nous persuader qu’il n’est pas plus fréquentable que le gang des barbares.

 

 

Mais enfin, est-ce la Russie ou l’Occident qui, par des interventions militaires ou politiques techniquement réussies mais aux conséquences désastreuses, a sapé puis détruit depuis 1990 les solides remparts qu’opposaient les régimes et leurs dictateurs en place à la montée d’un islamisme avide de sang et de conquêtes ? Est-ce la Russie ou l’Occident et ses alliés sunnites, du Pakistan au Qatar, qui à force de jouer avec les allumettes qu’étaient les Frères musulmans, les salafistes, les talibans et Al-Qaïda, ont mis le feu à l’ensemble du monde musulman ? Depuis quand les pyromanes ont-ils autorité pour empêcher les pompiers de faire leur métier ? Au nom de quels principes, de quel droit et de quelles réussites le monde entier serait-il habilité à s’ingérer dans les conflits syrien et irakien à la seule exception de la Russie et de l’Iran ? Si les États-Unis et leurs alliés, faute d’avoir résolu la quadrature du cercle, c’est-à-dire d’avoir trouvé la recette miraculeuse qui permettrait d’affaiblir Daech sans conforter Bachar, ne font ni la guerre à Daech ni la paix avec Bachar, faut-il qu’à Moscou et à Téhéran on leur emboîte le pas ? Et faut-il enfin, parce que l’on est intervenu quand et comme il ne fallait pas, que l’on s’en abstienne là, où et quand il le faut ?

La grande machine à décerveler s’est mise en marche. Alors que l’imminence de la chute de Damas entre les mains du « califat » ouvrait enfin les yeux du monde sur la réalité, une propagande massive s’évertue soudain à nous faire croire que le danger qui menace la paix et la civilisation n’est pas tant Daech que, comme au plus fort de la guerre froide, la Russie de M. Poutine. Et c’est si gros que ça marche, c’est si énorme que ça passe, du moins si l’on en croit les résultats des sondages évoqués plus haut. Mais faut-il les croire ? Si c’est le cas, alors c’est la France qui me fait peur.

 

 

Michel Collon analyse la guerre en Syrie

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4 octobre 2015 7 04 /10 /octobre /2015 23:02

 

De Talleyrand à Poutine

Ou

Le génie des grands stratèges

(Philippe Arnon)

 

Le Lynx

 

Contrairement à son prédécesseur Khrouchtchev qui avait, en octobre 1960, tapé sur son pupitre avec sa chaussure lors de l’Assemblée générale de l’ONU, Poutine est madré comme le lynx de l’Altaï : il avance à pas comptés, sans bruit, et bondit comme l’éclair sur sa proie, mais seulement quand il est certain de l’attraper. « Dans cette situation des choses, où tant de passions fermentent et où tant de gens s’agitent en tous sens, l’impétuosité et l’indolence sont deux écueils qu’il me paraît également nécessaire d’éviter. Je tâche donc de me renfermer dans une dignité calme qui seule me semble convenir … », a dit Talleyrand lors du Congrès de Vienne. C’est à croire que Poutine a médité cette formule. Certains m’objecteront – et ils n’auront pas tort – que plus un homme, a en face de lui des imbéciles, plus son intelligence en est décuplée.

 

 

Quand il a prononcé son discours à l’Assemblée générale des Nations unies cette semaine, Poutine savait très bien qu’Obama et Hollande refuseraient l’alliance qu’il proposait. Il savait très bien qu’ils ne bougeraient pas d’un iota concernant Bachar el-Assad. Un démocrate ne va tout de même pas soutenir un tyran sanguinaire ! On a des principes, et quand on a des principes, on s’y tient tant que l’orage n’a pas éclaté. Alors aujourd’hui, Obama et Hollande boudent dans leur coin. C’est justement ce que Poutine attendait : « Vous ne voulez pas régler le problème avec moi, alors je vais le régler tout seul et selon ma conception, cela me permettra de régler le compte des rebelles et d’éclaircir la situation, il y a trop d’acteurs dans cet espace étroit ». Enfin, tout seul … pas si sûr que cela. Il est logique, en effet, de penser que dans les semaines à venir, peut-être même avant, il va lancer ses soldats sur le terrain ; et il y a fort à parier qu’il sera aidé par les Iraniens qu’il a défendus avec malice lors des négociations sur le nucléaire et qui ne demandent qu’à lui renvoyer la balle. Et que se passera-t-il alors ? On peut imaginer que, d’ici peu, les deux grands nigauds d’Obama et de Hollande se précipiteront à ses pieds pour lui proposer leur aide, effrayés de voir perdre leur influence (mais qu’est-elle vraiment aujourd’hui ?). Poutine, grand seigneur, acceptera mais il restera le vainqueur et je suis prêt à parier qu’il obtiendra même que Bachar el-Assad se retire sur la pointe des pieds. De son côté, l’Iran aura pris sa revanche, et quelle revanche, sur toutes ces années de dénigrement qu’il aura supportées de la part des Occidentaux. La seule satisfaction que ces derniers retireront de ce qui aura été pour eux une défaite est que Poutine aura fait le travail à leur place mais… s’emparant pour longtemps de l’influence qu’ils auront perdue.

 

 

Au Congrès de Vienne, Talleyrand avait, par son intelligence, sorti la France de son isolement et fait oublier à toute l’Europe qu’elle avait été la grande vaincue. La Syrie, en ce moment, est le Congrès de Vienne de Vladimir Poutine : elle lui permet de sortir la Russie de toutes les années de moqueries et de mépris qu’elle a subies de la part des Occidentaux, et d’affirmer qu’elle est désormais la première puissance diplomatique au monde. Dans quelques semaines, Poutine pourra faire sienne la phrase suivante de Talleyrand : « Je veux que pendant des siècles, on continue à discuter sur ce que j’ai été, ce que j’ai pensé, ce que j’ai voulu. »

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3 octobre 2015 6 03 /10 /octobre /2015 14:06

 

Après la PMA et la GPA

Ou

Quand nos enfants sont en danger

 

PMA et GPA, libération ou libéralisation ?

 

Tous les bons vivants en mal d’émotion, et particulièrement tous ceux qui prennent plaisir à se faire peur, bien assis au chaud au fond de leur canapé, je les invite à s’arrêter un instant et à prendre le temps de visionner ce reportage. Encore une fois, il n’est pas question ici de vouloir, comme le font ouvertement nos médias mainstreams, vous imposer une façon de penser, mais tout simplement de vous amener à réfléchir et à décider par vous-même, de l’attitude à prendre face aux bouleversements que l’on veut nous imposer. Il ne tient qu’à vous d’en vérifier l’exactitude et le bienfondé.

Le film documentaire que vous allez voir fait intervenir des figurants prestigieux. Par ordre d’apparition : Caroline Fourest, Elisabeth Badinter, Gilles Bernheim, Laurence Rossignol, Najat Vallaud-Belkacem, Nicolas Sarkozy, Patrick Timsit, Pierre Bergé, Ruth Elkrief, Daniel Cohn-Bendit, Me Thierry Lévy, Jean-François Kahn, Frédéric Mitterrand, Jack Lang (cité), Elio Di Rupo (montré).

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