J’ai entendu une rumeur
Ou
Comme un pet sur une toile cirée
(Yannik Chauvin)
Le préambule de la Constitution de 1946 stipule que « tous les citoyens sont égaux devant la loi sans distinction d’origine, de RACE ou de religion ». L’article premier de la Constitution de 1958, qui n’a pas (pas encore) été abrogé, reprend la même formulation. La Déclaration universelle des droits de l’homme, qui est la charte de l’UNESCO, adopte la même rédaction. Si l’on rejette la discrimination entre les races, il est permis d’en déduire qu’on estime qu’elles existent.
Dominique Jamet
Claude Bartolone & Nadine Morano
Avant même Houellebecq, on connaissait ce mot. Mais jamais, peut-être, son application n’avait été si spectaculaire.
Soumission à ce qu’une mini-frange de la société, une coterie en somme, croit bon de décider pour tous.
Soumission aux codes de langage décrétés dans d’obscures officines parisiennes qui se targuent de faire la pluie et le beau temps dans le comportement des Français.
Soumission à ces ultimatums de la pensée, faute de quoi on se retrouve, au mieux devant la XVIIe chambre, au pire au pilori public, comme une viande à dépecer.
Soumission aux inquisiteurs télévisuels, les Torquemada en peau de lapin, qui se croient tout permis jusqu’au jour où ils plongeront, à leur tour, dans la fosse à purin.
Soumission à cette nouvelle religion voulue et vantée par Peillon, qui ne laisse de place qu’aux panurges lobotomisés et faussement consentants.
Soumission aux blessures et déchirures infligées par ces dizaines d’associations « du bien », anabolisées à l’argent public, qui ne canardent jamais que d’un seul côté.
Soumission aux valeurs de la République. Quelles valeurs ? Quelle République ?
Soumission au triste spectacle de Claude Bartolone qui se permet d’injurier publiquement une femme politique : « C’est la plus stupide qui s’est fait prendre », ose-t-il dire, ce matin, sur RTL. « …qui s’est fait prendre ! », comme si le service du peuple était un jeu de mômes en cour de récré. Ce monsieur a, décidément, une curieuse opinion de la politique.
Dieudonné - Zemmour - Onfray - Ménard
On nous a bassinés des mois et des mois avec l’esprit du 11 janvier, la défense absolue de la liberté d’expression, on faisait la ronde aux cris de « Mort aux empêcheurs de penser en rond » et « Il est interdit d’interdire de dire ». Pendant des mois, François Hollande et Manuel Valls ont tenu le haut de l’échafaud, ranimant tous les jours la flamme vacillante de cette planche pourrie de leur salut qu’ils croyaient voir dans la mobilisation des Français autour de la fameuse liberté. Puis, il y a eu Dieudonné, puis Zemmour, puis Onfray, puis Ménard, autant de coups de canif dans cette barbe à papa gluante que l’on voulait nous faire prendre pour un pacte de sang.
Aujourd’hui, il y a Nadine Morano, et personne pour la défendre. Y compris dans son propre camp, qui la regarde en se bouchant le nez : « Oh, ma chère, rendez-vous compte : elle a dit « race » ! Mais c’est interdit, voyons ! »
Tonnerre de Brest, gens de la droite, réveillez-vous ! Arrêtez la soumission aux mots d’ordre venus d’ailleurs. Ouvrez les yeux. Et voilà que l’homme au Karcher s’y met, lui aussi. Des excuses par Nadine Morano ? Mais s’excuser de quoi ? Où est le crime, la faute, en dehors de ne pas marcher dans les sentiers mal battus. « Non, les brav’s gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux… » La voici, la faute de dame Morano, chantée par Brassens il y a un demi-siècle : c’est l’insoumission.
Je n’ai jamais été Charlie, la tartufferie n’étant pas mon fort.
Mais aujourd’hui, bon sang, je suis Nadine.